La confiance des assurés dans le deuxième pilier (LPP) diminue. Les regards se focalisent depuis quelques années déjà sur les caisses de pension en difficultés notoires. Un rapport du Conseil fédéral définit les principaux problèmes de la LPP. Selon ce rapport, les montants des retraites et les taux d’intérêt garantis sont trop élevés par rapport à la croissance de l’espérance de vie et des faibles rendements des capitaux.
Que faire ? :
Vu les incertitudes, et les faible taux d’intérêts, les propriétaires envisagent de plus en plus souvent de retirer avant l’heure, leurs fonds de caisse de pension pour amortir leur hypothèque. Le prélèvement de cet avoir entraîne la perte des intérêts futurs et des intérêts composés. Prenons le cas d’un employé de 45 ans prélevant 200’000 francs pour l’achat de sa villa. Cet employé percevra environ 330’000 francs de moins au moment de son départ à la retraite, si l’on tient compte d’un intérêt moyen de 2.5%, ce qui correspond à une diminution de la rente de quelques 22’000.- francs par an. Ce sont les chiffres, mais la réalité est qu’ à 45 ans, l’employé n’a pas les 200’000.- de fond propres disponibles. De l’autre bout de la lorgnette, si son hypothèque eu été de 200’000.- plus élevée, le coût des intérêts bancaires comptés à 3% (moyenne basse) = 6’000.- par an = 120’000.- francs sur 20 ans, moins l’avantage fiscal, déductibilité des intérêts (30% taux marginal) = 36’000.-, ce qui correspond à un coût supplémentaire net de 84’000.- , (120’000 moins 36’000.-) sur le montant de 200’000.- francs d’hypothèque. Donc le propriétaire a perdu 130’000.- de plus value sur son capital LPP, moins 84’000.- si il avait pris une hypothèque plus élevée, soit 46’000.- de différence (soit 2300.- par an) ! N’oublions pas non plus, que s’il touche une rente de 22’000.- par an grâce au fait qu’il n’a pas touché sa LPP, il va payer sur ces 22’000.- de rente annuelle, environ 25% par an, (impôt sur le revenu) soit 5’500.- par an, soit 110’000.-, s’il vit 20 ans après la retraite ?
Voilà qui est des plus compliqué et confus, le critère qui s’appliquera est donc de voir à l’âge de 45 ans quels sont les capitaux (cash) disponibles…
Il faut également savoir qu’un versement anticipé de la LPP empêche les rachats volontaires dans la caisse de pension, alors que ceux-ci sont particulièrement intéressants du point de vue fiscal pendant les années qui précèdent le départ à la retraite.
Et gardons également en vue que les rachats (versements de la part de l’assuré) sont déductibles du revenu, donc rendement annuel (25-30%). Toutefois, il faut voir avec sa caisse de pension si ces apports supplémentaires sont rémunérés au taux des avoirs obligatoires (p.ex. min. 2% par an), ou des avoirs sur-obligatoires, qui sont moins élevés !
La prudence est de mise dans le cas où la caisse de pension présenterait un découvert. Un rachat peut même entraîner des pertes en cas de liquidation intégrale ou partielle de la caisse, lorsque l’employeur licencie une grande partie de ses effectifs.
Des modèles de caisses de pension modernes permettent de diminuer considérablement, voir d’éviter cette répartition indésirable. Par exemple en versant les rachats auprès d’une fondation collective distincte proposant exclusivement des solutions de CP sur-obligatoires.
Rente ou capital : une décision de plus en plus difficile. Il est nécessaire d’analyser la situation, en considérant que la diminution continuelle du taux de conversion, semble inéluctable.
Serge Tschannen