Peu de personnes ou instituts ont eu la clairvoyance ou le courage d’annoncer la crise financière de 2008. Aujourd’hui tout le monde parle de la crise de la dette et l’on peut se demander si ce n’est pas justement un signe que les choses ne sont pas vraiment si graves qu’on le prétend.
Pour la France, on parle d’une apocalypse à venir. 37 années sans budget équilibré ; des charges sociales étouffantes ; une part de l’état énorme et qui augmente, 55%, dans l’économie ; un tissus économique industriel laminé et non compétitif ; une balance commerciale déficitaire qui se creuse ; enfin, un nouveau président qui semble complètement déconnecté de la réalité.
Le pire est-t-il à venir pour la France ? Car sans doute, le plus grand danger pour la France, c’est elle-même et l’état de ses finances publiques.
Alors que la crise financière de 2008 mordait les ménages et les sociétés privées, particulièrement les banques, les états sont venus à la rescousse, sauvant nombres d’institutions en faisant principalement une chose : Transférer les mauvaises dettes du privé vers le publique. L’état, « lender of last ressort », comme on dit en anglais, dernier préteur possible, a sauvé le système en prenant sur lui les mauvaises dettes.
Aujourd’hui, ce sont les états qui ont dans leurs bilans des dettes impossibles à honorer. Qui viendra les sauver ? Il devra se passer ce qui s’est toujours passé dans ces cas-là. Des défauts de dettes d’états. Impossible, dites-vous ? C’est pourtant si fréquent dans l’histoire.
Les conséquences, pour les retraites, les épargnes en tout genre sont peu rassurantes…
Et si la dette était encore bien plus élevée qu’on ne le pense ?
Avec la crise qui secoue l’Europe, on trouve chaque jour une avalanche d’articles qui traitent des questions de dette / PIB (ou richesse nationale) et des déficits. Pourtant il reste bien des choses peu évoquées.
La dette publique de la France, selon les critères de Maastricht, est aujourd’hui de 1 789,4 milliards d’euros. Selon nombres d’estimations dont la notre, elle a déjà atteint quasiment le DOUBLE de ce montant.
La créativité comptable de l’Etat lui permet de cacher la taille réelle de sa dette. Bernard Marois de HEC a surnommé ceci “l’économie Shadok” : on bouche des trous pour en recreuser d’autres ailleurs. De nombreux organismes ont été créés pour dégonfler les chiffres de la dette française. Autrement dit, le gouvernement fait ce que bien des banques critiquées en 2008 ont fait : du ‘hors bilan’.
Quelques exemples : en 2011, selon un rapport d’information du Sénat sur la gestion de la dette de l’Etat dans le contexte européen, nos dirigeants ont oublié d’ajouter au bilan les dettes de 8,7 milliards d’euros de la SAAD (Service annexe d’amortissement de la dette, une structure fantôme créée pour la SNCF) ou bien encore les 27,8 milliards d’euros de la RFF (Réseau ferré de France, le gestionnaire des voies de la SNCF) etc. etc…
Voyons un peu ce qui n’y figure pas dans le bilan :
8,7 milliards d’euros (SAAD) Service annexe d’amortissement de la dette.
27,8 milliards d’euros (RFF) Réseau ferré de France, le gestionnaire des voies de la SNCF.
55 milliards d’euros (conversion des 77 milliards de dollars SFEF) Sté de financement de l’économie française, créé en 2008 pour l’aide aux banques.
93 milliards d’euros (CADES) Caisse d’amortissement de l’aide sociale, créé pour la sécu.
91 milliards d’euros (ACOSS) Aussi créé pour la prise en charge partielle de la sécu.
20 milliards d’euros (hôpitaux)
4 milliards d’euros (allocations chômage)
1,2 milliard d’euros (dette du Cameroun)
1 200 milliards d’euros (retraites fonctionnaires) ‘Résultats et gestion budgétaire de l’Etat, exercice 2009’, la Cour des Comptes estime en mai 2010 les ‘engagements de retraite des fonctionnaires et des militaires’ à 60% du PIB, soit 1 200 milliards d’euros. Pour l’instant, Bruxelles n’a pas demandé à la France des les intégrer dans sa dette publique”
= 1 500,7 milliards d’euros
On nous dit que la dette publique de la France est de 1 789,4 milliards d’euros. Selon les calculs ci-dessus, elle est plus proche de 3 290,1 milliards d’euros !
Il faut en plus rajouter à cela les engagements européens — rien que pour le fameux FESF (Fonds de solidarité européenne), la France avait accordé une garantie maximale initiale de 111 milliards d’euros… qui a été portée à 159 milliards d’euros en 2011 !
L’EFFET DOMINO DE L’EUROPE
“Le mécanisme de soutien mis en place pour sauver la Grèce est calibré pour venir en aide à d’autres ‘petits pays’ en difficulté, éventuellement pour l’Espagne mais sûrement pas […] pour la France“, expliquait François-Xavier Chauchat, expert-Europe chez Gavekal, dans un article du Nouvel Economiste du 6 juillet 2010. Selon lui, cela sera alors “le saut total dans l’inconnu“.
Serge Tschannen, hotium team