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– 019 La France

Peu de personnes ou instituts ont eu  la clairvoyance ou le courage d’annoncer la crise financière de 2008. Aujourd’hui tout le monde parle de la crise de la dette et l’on peut se demander si ce n’est pas justement un signe que les choses ne sont pas vraiment si graves qu’on le prétend.

Pour la France, on parle d’une apocalypse à venir. 37 années sans budget équilibré ; des charges sociales étouffantes ; une part de l’état énorme et qui augmente, 55%, dans l’économie ; un tissus économique industriel laminé et non compétitif ; une balance commerciale déficitaire qui se creuse ; enfin, un nouveau président qui semble complètement déconnecté de la réalité.

Le pire est-t-il à venir pour la France ? Car sans doute, le plus grand danger pour la France, c’est elle-même et l’état de ses finances publiques.

Alors que la crise financière de 2008 mordait les ménages et les sociétés privées, particulièrement les banques, les états sont venus à la rescousse, sauvant nombres d’institutions en faisant principalement une chose : Transférer les mauvaises dettes du privé vers le publique. L’état, « lender of last ressort »,  comme on dit en anglais, dernier préteur possible, a sauvé le système en prenant sur lui les mauvaises dettes.

Aujourd’hui, ce sont les états qui ont dans leurs bilans des dettes impossibles à honorer. Qui viendra les sauver ? Il devra se passer ce qui s’est toujours passé dans ces cas-là. Des défauts de dettes d’états. Impossible, dites-vous ? C’est pourtant si fréquent dans l’histoire.

This time is different

Les conséquences, pour les retraites, les épargnes en tout genre sont peu rassurantes…

Et si la dette était encore bien plus élevée qu’on ne le pense ?

Avec la crise qui secoue l’Europe, on trouve chaque jour une avalanche d’articles qui traitent des questions de dette / PIB (ou richesse nationale) et des déficits. Pourtant il reste bien des choses peu évoquées.

La dette publique de la France, selon les critères de Maastricht, est aujourd’hui de 1 789,4 milliards d’euros. Selon nombres d’estimations dont la notre, elle a déjà atteint quasiment le DOUBLE de ce montant.

La créativité comptable de l’Etat lui permet de cacher la taille réelle de sa dette. Bernard Marois de HEC a surnommé ceci “l’économie Shadok” : on bouche des trous pour en recreuser d’autres ailleurs. De nombreux organismes ont été créés pour dégonfler les chiffres de la dette française. Autrement dit, le gouvernement fait ce que bien des banques critiquées en 2008 ont fait : du ‘hors bilan’.

Quelques exemples : en 2011, selon un rapport d’information du Sénat sur la gestion de la dette de l’Etat dans le contexte européen, nos dirigeants ont oublié d’ajouter au bilan les dettes de 8,7 milliards d’euros de la SAAD (Service annexe d’amortissement de la dette, une structure fantôme créée pour la SNCF) ou bien encore les 27,8 milliards d’euros de la RFF (Réseau ferré de France, le gestionnaire des voies de la SNCF) etc. etc…

Voyons un peu ce qui n’y figure pas dans le bilan :

8,7 milliards d’euros (SAAD)
Service annexe d’amortissement de la dette.

27,8 milliards d’euros (RFF)
Réseau ferré de France, le gestionnaire des voies de la SNCF.

55 milliards d’euros (conversion des 77 milliards de dollars SFEF)
Sté de financement de l’économie française, créé en 2008 pour l’aide aux banques.

93 milliards d’euros (CADES)
Caisse d’amortissement de l’aide sociale, créé pour la sécu.

91 milliards d’euros (ACOSS)
Aussi créé pour la prise en charge partielle de la sécu.        

20 milliards d’euros (hôpitaux)         

 4 milliards d’euros (allocations chômage)         

1,2 milliard d’euros (dette du Cameroun)        

1 200 milliards d’euros (retraites fonctionnaires) ‘Résultats et gestion budgétaire de l’Etat, exercice 2009’, la Cour des Comptes estime en mai 2010 les ‘engagements de retraite des fonctionnaires et des militaires’ à 60% du PIB, soit 1 200 milliards d’euros. Pour l’instant, Bruxelles n’a pas demandé à la France des les intégrer dans sa dette publique”

=          1 500,7 milliards d’euros

On nous dit que la dette publique de la France est de 1 789,4 milliards d’euros. Selon les calculs ci-dessus, elle est plus proche de 3 290,1 milliards d’euros !

Il faut en plus rajouter à cela les engagements européens — rien que pour le fameux FESF (Fonds de solidarité européenne), la France avait accordé une garantie maximale initiale de 111 milliards d’euros… qui a été portée à 159 milliards d’euros en 2011 !

L’EFFET DOMINO DE L’EUROPE

Le mécanisme de soutien mis en place pour sauver la Grèce est calibré pour venir en aide à d’autres ‘petits pays’ en difficulté, éventuellement pour l’Espagne mais sûrement pas […] pour la France“, expliquait François-Xavier Chauchat, expert-Europe chez Gavekal, dans un article du Nouvel Economiste du 6 juillet 2010. Selon lui, cela sera alors “le saut total dans l’inconnu“.

Serge Tschannen, hotium team

– 012 Caisses de pension

La confiance des assurés dans le deuxième pilier (LPP) diminue. Les regards se focalisent depuis quelques années déjà sur les caisses de pension en difficultés notoires. Un rapport du Conseil fédéral définit les principaux problèmes de la LPP. Selon ce rapport, les montants des retraites et les taux d’intérêt garantis sont trop élevés par rapport à la croissance de l’espérance de vie  et des faibles rendements des capitaux.

Que faire ? :
Vu les incertitudes, et les faible taux d’intérêts, les propriétaires envisagent de plus en plus souvent de retirer avant l’heure, leurs fonds de caisse de pension pour amortir leur hypothèque. Le prélèvement de cet avoir entraîne la perte des intérêts futurs et des intérêts composés. Prenons le cas d’un employé de 45 ans prélevant 200’000 francs pour l’achat de sa villa. Cet employé percevra environ 330’000 francs de moins au moment de son départ à la retraite, si l’on tient compte d’un intérêt moyen de 2.5%, ce qui correspond à une diminution de la rente de quelques 22’000.- francs par an. Ce sont les chiffres, mais la réalité est qu’ à 45 ans, l’employé n’a pas les 200’000.- de fond propres disponibles. De l’autre bout de la lorgnette, si son hypothèque eu été de 200’000.- plus élevée, le coût des intérêts bancaires comptés à 3% (moyenne basse) = 6’000.- par an = 120’000.- francs sur 20 ans, moins l’avantage fiscal, déductibilité des intérêts (30% taux marginal) = 36’000.-, ce qui correspond à un coût  supplémentaire  net de 84’000.- , (120’000 moins 36’000.-) sur le montant de 200’000.-  francs d’hypothèque. Donc le propriétaire a perdu 130’000.- de plus value sur son capital LPP, moins 84’000.- si il avait pris une hypothèque plus élevée, soit 46’000.- de différence (soit 2300.- par an) ! N’oublions pas non plus, que s’il touche une rente de 22’000.-  par an grâce au fait qu’il n’a pas touché sa LPP, il va payer sur ces 22’000.- de rente annuelle, environ 25% par an, (impôt sur le revenu) soit 5’500.- par an, soit 110’000.-, s’il vit 20 ans après la retraite ?
Voilà qui est des plus compliqué  et confus, le critère qui s’appliquera est donc de voir à l’âge de 45 ans quels sont les capitaux (cash) disponibles…

Il faut également savoir qu’un versement anticipé de la LPP empêche les rachats volontaires dans la caisse de pension, alors que ceux-ci sont particulièrement intéressants du point de vue fiscal pendant les années qui précèdent le départ à la retraite.

Et gardons également en vue que  les rachats (versements de la part de l’assuré) sont déductibles du revenu, donc rendement annuel (25-30%). Toutefois, il faut voir avec sa caisse de pension si ces apports supplémentaires sont rémunérés au taux des avoirs obligatoires (p.ex. min. 2% par an), ou des avoirs sur-obligatoires, qui sont moins élevés !

La prudence est de mise dans le cas où la caisse de pension présenterait un découvert. Un rachat peut même entraîner des pertes en cas de liquidation intégrale ou partielle de la caisse, lorsque l’employeur licencie une grande partie de ses effectifs.

Des modèles de caisses de pension modernes permettent de diminuer considérablement, voir d’éviter cette répartition indésirable. Par exemple en versant les rachats auprès d’une fondation collective distincte proposant exclusivement des solutions de CP sur-obligatoires.

Rente ou capital : une décision de plus en plus difficile. Il est nécessaire d’analyser la situation, en considérant que la diminution continuelle du  taux de conversion, semble inéluctable.

Serge Tschannen