– 008 Oxymoron de la BCE

Le Bilan de la BNS, à fin septembre, pourrait être miraculeux tellement le ratio de fonds propres sera élevé. Dans notre Poste du 22 août, nous parlions de deux aspects particuliers du bilan de la BNS, à savoir son ratio de fonds propres, > 15% alors que la BCE (Banque Centrale Européenne) n’a que 3%, et la taille relative de son bilan, équivalent à 70% du PIB Suisse, alors que celui de la BCE n’est « qu’a » 35% du PIB de la Zone Euro. La BNS a donc un risque majeur dans la taille de son bilan et une protection significative dans le niveau de ses fonds propres.

Hier, M. Draghi, président de la BCE, a annoncé un oxymoron qui a grandement détendu les marchés. Il nous a parlé d’un programme de rachat illimité, stérilisé et avec des conditionnalités, de la dette à court terme de pays de la ZE. Reprenons ces trois points : Illimité, car il nous dit qu’il ne laissera pas le taux de financement à court terme (< de 3 ans) de ces pays s’envoler et qu’il est prêt à acheter sans limite cette dette; stérilisé, car il nous dit qu’il ne va pas augmenter le bilan de la BCE, n’injectant pas de nouveaux Euro dans le système, mais vendant des parties du bilan de la BCE pour faire ces achats ; Conditionnalité, car les pays qui veulent profiter de ce programme doivent faire une demande formelle et se soumettre au programme que leurs partenaires pourront leur imposer.

C’est un oxymoron de parler d’achats illimités stérilisés, car par définition, si ces achats sont stérilisés, le bilan n’est pas augmenté. Et comme le bilan n’est pas infini, ces achats ne peuvent pas l’être.

Mais la BNS, durant ces contorsions de la BCE, voit la pression sur le CHF se détendre. L’Euro grimpe, tellement qu’il se décolle du plancher de 1.20 pour monter à 1.209 ! C’est une variation minime. Mais pour une BNS qui a acheté massivement des Euro à moins de 1.2 pour défendre ce taux durant les deux derniers mois, c’est la possibilité de faire un gain énorme en réduisant son bilan.

Peut-être qu’à fin septembre, la BNS aura prêt de 20% de fonds propres et un bilan équivalent à 50% de la taille du PIB Suisse. Le CHF et la BNS elle-même n’en seront que plus forts pour confronter la prochaine vague de stress sur l’Euro.