– 006 Delirium Tremens

En 1978, alors concepteur du projet de la montre ultrafine à l’ETA SA Manufacture Horlogère, Maurice Grimm ne parvient pas seulement à battre les Japonais sur leur propre terrain, créant une montre quartz extra plate de moins de 1 mm d’épaisseur (0.98mm), il illumine également sa création par un acte linguistique aux significations multiples.

Delirium tremens « très mince », jeux de mot en français, réduit ensuite simplement à Delirium en vue de la commercialisation internationale des 11’000 pièces vendues à CHF 4’500.-/pièce, résume parfaitement le climat de l’horlogerie de l’époque.

Il fallut tout d’abord un acte presque dionysiaque de folle création pour sortir l’horlogerie de son marasme de l’époque. Après les belles années d’après-guerre, l’horlogerie suisse se confronte à la concurrence japonaise qui conquiert le marché grâce au quartz. Les mouvements mécaniques traditionnels ne peuvent concurrencer cette nouvelle technologie qui apporte minceur et modernité à l’industrie.

Dans un acte de création délirante, l’ETA SA Manufacture Horlogère décide de se battre sur ce nouveau terrain. Six mois plus tard, ayant révolutionné le design intérieur et utilisant le fonds de la montre comme support des composants, la Delirium voit le jour. C’est un coup de génie, un record du monde et un nouveau départ pour l’industrie horlogère Suisse. La Swatch sera basée sur le même mode de conception.

Mais Delirium tremens, c’est avant tout une conséquence neurologique sévère du syndrome de sevrage d’alcool, provoquant délire et tremblement des membres. On peut se demande dans quelle mesure l’horlogerie Suisse n’a pas trouver son renouveau dans le sevrage que lui a imposé la concurrence internationale. Elle a du sortir des chemins traditionnels et bien tracés. Elle a du souffrir, se concentrer et se recréer dans un acte de folie créatrice.

Et l’industrie bancaire ? Quelle sera son Delirium Tremens ?

hotium team